Raconter l'Est ontarien by Collectif d'auteurs

Raconter l'Est ontarien by Collectif d'auteurs

Auteur:Collectif d'auteurs
La langue: fra
Format: epub
Tags: Nouvelles
ISBN: 9782895977490
Éditeur: ÉDitions David


* * *

Robert Poirier est natif de Cornwall où il a grandi dans une famille de sept enfants. Après des études en théâtre à l’Université d’Ottawa, il est retourné dans sa communauté pour enseigner le français langue seconde et le théâtre au Cornwall Collegiate and Vocational School. Maintenant à la retraite, il continue de nourrir ses deux passions en s’impliquant dans des troupes de théâtre et en écrivant des pièces et des nouvelles.

PARLE-NOUS

DEPUIS LES temps anciens, des bouleversements se sont succédé en cascades. Les jeunes applaudissaient le changement qui rendait l’avenir possible à leurs yeux. Les vieux y flairaient plutôt des avertissements. Entre les deux groupes, les gens travaillaient fort pour que la vie continue. Insouciants, les enfants jouaient, heureux.

La guerre des idéologies sema la destruction sur la planète. Des agents de courage sauvaient des vies. Sous les débris, on oubliait les morts enterrés. Parmi les vieux, certains reconnaissaient les signes du passé. Les jeunes, qu’avaient épargnés les événements, découvraient ainsi la nécessité commune de s’adapter au présent implacable. Les voix s’unissaient dans une langue édulcorée, en perte de ses sens primitifs. Tout le monde travaillait fort. Partout, les enfants jouaient, heureux.

Puis arrivèrent de grands cataclysmes. Des familles entières durent se déplacer. Leurs conditions de transport devenaient difficiles. Peu d’aînés survivaient. Partout, des réfugiés dispersés apparaissaient en grand nombre. Leurs populations, décimées, s’intégraient aux communautés d’accueil qui devenaient de plus en plus démunies. Le choc des langues s’accentuait. Multipliés, les enfants jouaient, insouciants.

Longtemps, les orientariens5 s’interrogèrent. Fallait-il se fondre à la masse ou se détacher ? Autant pour les vieux que pour les jeunes, la voie de l’eau semblait la plus fertile à la nation franco. Il semblait plus facile de profiter ainsi des mouvements de masse et des éléments naturels pour se raccorder le long des côtes, jusqu’au bas du fleuve, puis déborder dans l’estuaire, jusqu’à se répandre dans tout le golfe. Entre eux, les enfants jouaient dans leur langue maternelle.

L’isolement devint toutefois de plus en plus difficile à protéger contre les dangers pluriels. Les enfants jouaient, encore, ensemble…



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